Dans l’attente du départ…

Le bateau

Les nouvelles du bord du 14 au 24 mai 2021.

Nous sommes donc toujours à la Marina de Västervik, installés à bord de notre Maxus 24 Amor Fati, depuis le 13 mai. Cette attente contrainte par les rendez-vous médicaux demandés par l’hôpital suite à mon accident, est l’occasion de découvrir la région de Västervik et les rivages de ce magnifique bras de mer situé au sud de Stockholm, sur la côte est de la Suède. A nouveau, nous profitons de la réserve naturelle de Gränsö sur la pointe sud de la péninsule (découvrir la galerie photos), mais également des nombreuses randonnées qu’offrent Västervik et ses alentours au départ de la Marina (découvrir la galerie photos). Pour un voyage en bateau… nous n’avons jamais autant marché (sic).

Maintenant que nous vivons dans le bateau, même à quai, la vie s’organise à bord dans cet espace réduit (le bateau ne mesure que 7m20…). Nous prenons nos marques et nos habitudes, et déjà les journées semblent bien moins rythmées par les jurons des uns et des autres après un choc à la tête dans la descente, ou en essayant d’accèder au lit situé sous le cockpit. Reste cette foutue glacière, bien pratique et efficace au demeurant, mais qui reste en travers du passage le long de la table côté tribord. Pour l’instant, faute de mieux, elle est toujours là… appelons ça « le choix du feu ».

Pendant que le pavillon de courtoise aux couleurs de la Suède, flotte dans les haubans tribord, le pavillon français est frappé dans le pataras à l’arrière. Puisque les pontons de la Marina sont situés au pied des ruines du château de Stegeholm, sur une langue de terre qui traverse le bras de mer, l’endroit est touristique et fait office de promenade fleurie pour les locaux. Pour ces derniers, notre petit bateau paré du drapeau tricolore est une petite attraction en soi. Avec la pandémie et les restrictions de circulation, nous sommes l’un des premiers équipages français à venir dans la région depuis un an et demi et les salutations et discussions improvisées avec de sympathiques suédois sont nombreuses chaque jour. Notre mésaventure a également fait son chemin sur « radio pontons ». Elle nous a attiré la sympathie de quelques voisins qui vivent à l’année sur leur bateau et qui prennent régulièrement des nouvelles de la guérison.

Le soir venu, une fois les enfants couchés dans leur lit breton et une gorgée de rhum dégustée sur le pont entre deux averses, nous retrouvons le carré et nos livres. A mon immense plaisir, Claire a enfin accroché à un bouquin d’Alain Damasio (La Horde du Contrevent), pendant que je replonge avec bonheur dans « Les aventures de Gilles Belmonte » de l’auteur Fabien Clauw. Le cinquième tome « Trafalgar la sanglante » m’a été offert avant notre départ. Une fois confortablement installé, en quelques secondes, notre bateau en résine se transforme en une frégate militaire en bois de trois mâts, aux couleurs de la flotte française impériale au début du XIXème siècle. Nos couchettes deviennent des hamacs, notre liseré de coque gris devient jaune, le cockpit devient dunette arrière, et me voilà pour quelques minutes ou quelques heures, Lieutenant à bord de l’Egalité ! Si vous ne connaissez pas encore les livres de Fabien Clauw (que j’ai eu le plaisir d’interviewer à plusieurs reprises dans le cadre du Festival International du Film et du Livre d’Aventure de La Rochelle), ruez-vous dessus ! Le Capitaine Clauw a oublié d’écrire avec les pieds (le bougre !), et en plus de nous offrir une séance de cinéma littéraire, il nous plonge avec érudition au coeur de la période napoléonienne, sur les ponts de la marine française révolutionnaire -puis impériale-, prête à en découdre avec la perfide Albion !

Redescendons sur terre ! Le programme des visites et sorties en famille a été chargé. Les enfants ont découvert le parc de jeux public de Västervik ! « Un truc de dingue », d’après eux. Ils rêvent désormais d’avoir le même devant leur école à La Pallice. Enfants et grands ont visiblement profité ensemble des toboggans, parcours aventure, tyrolienne et tourniquets (découvrir la galerie photos). Le lendemain, cap en voiture sur Gamleby au bout du bras de mer, pour une visite insolite au parc de « Trollskagen ». Des dizaines de drôles de statues réparties sur un bord de falaise, oscillent entre charme d’un Walt Disney et bizarrerie d’une forêt remplie de nains de jardins (découvrir la galerie photos). Cette semaine, les enfants ont également goûté à la froideur de l’eau de la Baltique par une belle journée ensoleillée (ce qui veut dire pour l’instant en langage météo local : « 14°C max, avec une belle éclaircie de quelques heures, et pas trop de vent« ).

Sur le plan médical, après une première visite de contrôle le mardi 18 mai, les médecins de l’hôpital ont enlevés les points de suture de mon doigt le jeudi 20 mai. Puisque nous avons la chance d’avoir une belle -et rebelle- infirmière à bord, qui va pouvoir s’occuper des pansement les prochaines semaines, nous sommes libérés de nouveaux rendez-vous médicaux ici à Västervik. Profitant de cette bonne nouvelle, Anton, le mécanicien de la Marina, nous a gentiment réparé notre moteur hors-bord suite à sa baignade : vidange, démontage et nettoyage du carburateur… Un véritable cours de mécanique appliqué, domaine dans lequel j’ai encore tout à apprendre et sur lequel j’aurais dû mieux me préparer en amont. Fort d’un moteur en état de marche, et après avoir trouvé une sur-moufle en Gore-Tex pour protéger ma main de l’humidité, nous avons pu tirer nos premiers bords à la voile sur la Mer Baltique ce week-end du 22 et 23 mai. L’occasion de tester les différents réglages du mât et des voiles après le transport et le re-matage du bateau. A part quelques hésitations de l’équipage, que les premières journées de navigation vont rapidement gommées, et la défaite du Stade Rochelais en finale européenne de rugby : tout est en ordre ! Nous consacrons donc nos soirées à la préparation de la navigation et au choix des mouillages pour les prochains jours. La météo est assez perturbée ici en cette fin de mois de mai, et il va falloir composer avec des journées pluvieuses et quelques petits coups de vent annoncés pour la semaine prochaine.

Le lundi 24 mai, nous confions à Andreas (le patron de la Marina que nous ne remercierons jamais assez pour son aide suite à l’accident, la qualité de son accueil et de celle de son équipe), les clés de la voiture et de la remorque. Elles stationneront dans un entrepôt situé à quelques kilomètres et y passeront les trois prochains mois dans l’attente de notre retour prévu autour du 20 août. La fin de matinée est ensuite consacrée aux derniers préparatifs avant appareillage. Avec quinze jours de retard sur notre planning initial, conséquence directe de l’accident, nous allons enfin quitter Västervik. L’endroit est magnifique, mais nous commençons à nous y sentir à l’étroit et rêvons un peu plus chaque jour de découvrir les archipels environnants et leur lot de mouillages sauvages.

Les amarres sont défaites et Claire tient le bateau depuis le ponton. J’enclenche la marche arrière quand un coup d’oeil vers le moteur nous permet de constater quelques traces d’essence à la surface de l’eau… Je mets en panne, et après quelques secondes, nous constatons une bonne fuite d’essence au niveau du bas du carburateur. Le séjour du moteur dans l’eau a visiblement endommagé l’animal plus que prévu… Le mécano de la Marina profite de sa pause déjeuner pour passer jeter un coup d’oeil. Son verdict tombe, il doit changer des pièces et des joints dans le carburateur. Ces dernières seront disponibles mercredi et seront changées dans la foulée. Nous croisons les doigts (sans mauvais jeu de mots) pour que ce planning ne soit pas à nouveau frappé par un autre coup du sort. Le « grand départ » se transforme malgré tout en belle sortie à la voile par 15 noeuds de vent établi, mer plate, en mode « tours de piste entre 3 bouées », pour nous recaler à toutes les allures. Sous 1 ris dans la grand voile, le bateau et l’équipage se régalent et nous retrouvons rapidement nos habitudes, nos sensations, et le plaisir de la glisse.

Merci à tous pour votre soutien et à bientôt depuis les archipels plus au nord… du moins on l’espère.

Claire, Alex, Blanche & Paul.

Mâtage voilier maxus 24 Amor Fati

Une semaine à Västervik

Le bateau

On ne va pas vous mentir, il nous a fallu quelques jours pour se remettre de notre mésaventure lors du remontage du hors bord la semaine dernière (voir Actualité précédente). D’abord parce que la scène de l’accident a pas mal tourné en boucle dans nos têtes les premiers jours, et aussi accessoirement parce que ça fait mal, surtout la première nuit 😉 On a donc profité d’un peu de repos à l’hôtel et de quelques ballades, puis les enfants ont repris un rythme de travail scolaire.

Il a ensuite fallu nous ré-approprier notre bateau Amor Fati afin que progressivement, d’une scène d’accident, il redevienne notre cabane flottante pour les mois à venir. Ça a été un peu compliqué pour les enfants au début, mais quelques visites régulières du bateau à la Marina, un peu de bricolage à bord et des jeux sur les pontons, nous ont permis de franchir cette première étape nécessaire de remise en route. Saupoudrez tout çà d’un peu de soleil et d’une nette remontée des températures, et tous les ingrédients étaient réunis pour nous décider à ce qu’Amor Fati redevienne un vrai bateau à voile, plutôt qu’une galère à roulettes.

Mardi 11 mai 2021, c’est une Clairette sur-motivée qui débarque sur les pontons de la Marina de Slottsholmen. La consigne de la patronne est claire : interdiction de sortir la main gauche de mon cache-cou transformée en écharpe à main. Objectif : avant l’heure de l’apéro (et c’est plutôt assez tôt en Suède) Amor Fati doit avoir retrouvé son mât, ses voiles et l’ensemble de l’accastillage déposé pour le transport. Le Maxus 24 est un bateau malin, pensé pour être rapidement mâté/démâté afin de passer sous des ponts ou être transporté. C’est donc à trois mains, et avec une technique déjà éprouvée avec les copains à La Rochelle, qu’en quelques heures nous réalisons l’ensemble des travaux nécessaires. Claire est en mode « machine« , et brasse le matériel et la caisse à outils sur le pont comme à l’intérieur. Vers 16h, Amor Fati est prêt pour un nouveau départ. Il ne reste que ce foutu nettoyage des voiles que je n’ai cessé de repousser à La Rochelle et que nous n’avons, une fois de plus, pas pu réaliser en Suède avec l’interdiction formelle de mouiller ma main gauche. On espère que vous nous pardonnerez les quelques bandes vertes qui subsistent sur la garde-robe d’Amor Fati…

La journée du lendemain (mercredi 12 mai) est consacrée au chargement du bateau. Malgré la quantité de sacs, nous sommes plutôt bien organisés et le bateau dispose de nombreux rangements (« puisque je vous dis qu’il est malin ce Maxus !« ). Claire se lance dans un grand Tétris qu’il va falloir progressivement optimisé. Les enfants ont leur coin à eux, à l’avant du bateau, et nous cherchons à les autonomiser au maximum sur la gestion de leurs affaires personnelles. Quant à moi, n’ayant pas participé directement au rangement, chaque ouverture de placard ou de coffre se transforme en paris sur leur contenu où il m’arrive de m’interroger sur la logique parfois très personnelle et les quelques méandres de l’esprit pratique de Claire. A raison d’une trentaine de coffres et placards répartis dans tout le bateau, il est parfois long de trouver une simple paire de godasses…

Pendant ce temps là, je me lance avec les enfants dans une grosse mission « courses » au supermarché de Västervik. Après une heure passée sur Google Traduction (et trois rayons parcourus), en concertation avec mes équipiers Paul et Blanche, nous nous décidons à sortir des sentiers battus et de notre traditionnelle liste de courses, pour nous lancer en « terrain d’aventures ». En 30 minutes, nous parcourons le reste du magasin avec un cadis chargé d’un vague « à peu près » qui fera l’affaire, et rejoignons Clairette à la Marina. Dernière soirée à la GuestHouse avant de nous installer une bonne fois pour toute à bord d’Amor Fati.

Jeudi 13 mai. J’ai rendez-vous à l’hôpital de Västervik pour un examen de contrôle de mon doigt. Accueil encore adorable de toute l’équipe. Deux infirmiers prennent grand soin à défaire mon pansement en place depuis l’opération. N’ayant presque plus de douleurs permanentes depuis quelques jours, je caresse secrètement l’espoir de trouver d’ici quelques minutes un moignon déjà presque cicatrisé qui nous permettra de vite prendre la mer. Bien que le processus de cicatrisation soit en bonne voie, il va falloir attendre encore un peu… Nouvelle visite de contrôle prévue pour le mardi 18 mai avant d’enlever les points de suture le jeudi 20 si tout va bien. La consigne du chirurgien orthopédique (lui-même plaisancier) est claire : pas de bateau avant cette date, et sport en mode « running easy« .

Je sors de l’hôpital, direction le bateau où nous avons désormais pris nos quartiers. Nous allons profité de cette nouvelle semaine pour organiser la vie à bord (même à quai), visiter Västervik et ses environs, et préparer les premières étapes à la voile, dès que nous pourrons mettre le cap au nord. D’ici là, on vous remercie chaleureusement pour vos commentaires, messages de soutien et d’encouragements, et on vous embrasse !

PS : on commence à alimenter régulièrement la page //Galeries pour ceux qui veulent voir d’avantage de photos.