carte voyage amor fati

Le Voyage d’Amor Fati : le livre

Le bateau

Il y a un an tout juste, le 6 mai 2021, notre Maxus 24 baptisé « Amor Fati » plongeait ses deux appendices pour la première fois dans les eaux froides de la Mer Baltique. Une journée peu ordinaire qui a ouvert le récit de nos aventures que vous avez bien voulu traverser avec nous via ce blog le printemps et l’été dernier.

Aujourd’hui, le 6 mai 2022, nous sommes heureux de vous annoncer la parution de notre livre : Le Voyage d’Amor Fati. Notre carnet de voyage couché sur le papier en 240 pages illustrées de photos, de cartes et de quelques dessins des enfants.

A l’heure où nos photos n’ont plus qu’une durée de vie numérique (c’est-à-dire au maximum quelques années pour les plus soigneux d’entre nous), ce livre est d’abord l’occasion de conserver une trace écrite de cette tranche de vie partagée. Un souvenir pour les enfants et pour nous, ainsi que celles et ceux qui nous ont suivis sur ce blog.

Photo livre Le Voyage d'Amor Fati, une aventure familiale à la voile en mer Baltique. Livre Alexandre Autexier

Le Voyage d’Amor Fati de Alexandre Autexier
Une auto-édition tirée en 100 exemplaires.
Ouvrage avec couverture cartonnée de 240 pages couleurs.
Prix de vente : 39 €

Extrait


6 mai 2021 / Port de Västervik – Suède
Une fois n’est pas coutume, commençons par la fin.
Tout ne s’est pas passé exactement comme prévu cette première semaine… Nous voilà malgré nous installés confortablement pour quelques jours dans une jolie GuestHouse du port de Västervik en Suède. Face à la marina de Slottsholmen, les enfants font leurs devoirs sous le regard attentif de Claire.Pendant ce temps, je regarde ma main gauche. A côté d’un auriculaire gonflé et douloureux, une grosse poupée cache le bout de mon annulaire, désormais raccourci de quelques centimètres.
Autre constat : l’eau de la mer Baltique en ce début mai est encore très froide…
Bref, tout ne s’est pas passé comme prévu.


Si certains d’entre vous veulent se procurer le livre, merci de nous envoyer un mail avec votre adresse via le formulaire de contact du site en cliquant ici !
Règlement par virement et envoi par Colissimo La Poste directement dans votre boîte aux lettres en 2 jours (8,65 € de frais d’envoi en sus) ou via Mondial Relay (6,40 € de frais d’envoi en sus).

Claire & Alex

La fin du voyage – Du 27 juillet au 5 août

Le bateau

Ce mardi 27 juillet au matin, c’est seul à bord d’Amor Fati que je quitte le ponton de la marina de Västervik. Le mât est à l’horizontal, bien fixé dans la longueur du bateau, prêt pour le voyage du retour. Je redescends tranquillement le fjord au moteur pour ces 4 miles qui me séparent du petit chantier familial où nous allons gruter le bateau. Claire et les enfants m’y attendent avec la voiture. Je profite de ces derniers instants sur la Baltique dans une ambiance inhabituellement silencieuse, avec un bon café à la main. Une fois amarré au ponton de service, nous terminons de vider le bateau avec Claire. Nous sommes ravis de retrouver l’équipe du chantier qui s’empresse de prendre de nos nouvelles et de jeter un coup d’oeil sur la cicatrisation de mon doigt. Quelques minutes plus tard, la remorque est en place, les élingues sont glissées sous la carène du bateau, parées au levage. Amor Fati prend son envol et vient se caler parfaitement sur ses chandelles. Il ne reste plus qu’à démonter le moteur et à installer les sangles pour fixer le bateau sur la remorque. Tout le monde est au petit soin avec moi. A chaque fois que je m’approche de mon bateau, on me demande d’être prudent. Si je suis d’abord touché par l’attention, je fini par m’en agacer intérieurement, mais comment leur en vouloir après mon accident lors de la mise à l’eau trois mois plus tôt… A la fin de la matinée, la voiture est chargée, et le bateau et sa remorque prêts à voyager. Le départ est prévu le lendemain matin. D’ici là, nous profitons de l’après-midi à Västervik, et nous offrons une soirée au restaurant. A 21 heures, nous nous effondrons dans le grand lit de la dernière chambre disponible de la Guest-House de Västervik. Pour la première fois depuis trois mois, Claire peut enfin déployer à sa guise ses grandes guiboles sous la couette, et je n’aurai pas à dormir avec l’épaule et le bras sur la caisse à outils (ma petite technique personnelle pour gagner quelques centimètres de plus en largeur sur notre couchette dans le bateau). A 21h05, je dors déjà comme un bébé.

Après Paul 10 jours plus tôt, ce mercredi 28 juillet, c’est au tour de Blanche de fêter son anniversaire ! Ce matin, Boubou a cinq ans, et se réveille avec la fière impression « d’être une grande » ! Nous profitons de l’énorme buffet de petit-déjeuner de la Guest-House pour lui offrir ses cadeaux : une jolie petite robe et une poupée Reine des Neiges. Vient ensuite l’heure du départ. Les conditions sont parfaites et nous avalons en quelques heures les 500 kms qui nous séparent de Trelleborg, tout au sud de la Suède. L’embrayage de la voiture semble tenir le coup, et nous arrivons à la gare de ferry en fin d’après-midi. Nous embarquons ensuite vers 20 heures et, après un rapide passage par notre petite cabine, nous gagnons le bar du ferry pour un petit apéro d’anniversaire. Les enfants sont excités de retrouver les longs couloirs du Nils Holgersson et ses dessins de frégates qui les décorent. Le ferry largue les amarres vers 22 heures alors que tous les enfants du bord se sont regroupés dans la salle de cinéma où est projeté La Reine des Neiges en version allemande.

La nuit est courte et peu confortable. Les ressorts des vieux matelas nous ont massé les côtes pendant ces quelques heures de sommeil. A 7h30 ce jeudi 29 juillet, nous descendons la rampe du ferry à Travemünde et attaquons une longue traversée en voiture. Les trois derniers épisodes du podcast de France Inter consacré à Napoléon nous accompagne pour le début de la traversée de l’Allemagne. Quand nous arrivons en Belgique dans l’après-midi, nous avons déjà pas mal épuisé le stock d’émissions disponibles de Blockbusters. Une fois en France, je suis déjà en overdose de radio… Les prévisions de trafic du vendredi sont pessimistes, et Bison Futé voit rouge dès le matin dans la région parisienne. Les enfants étant toujours aussi adorables après 12 heures de route, nous décidons de continuer notre voyage et, à minima, de passer la région parisienne avant de faire escale. Après une pause d’une petite heure pour dîner, nous arrivons sur Paris vers 22 heures. Le trafic est très dense malgré l’heure tardive et plusieurs portions d’autoroutes semblent temporairement fermées pour travaux : la promesse d’une belle punition au volant de notre attelage… Après quelques minutes, nous nous retrouvons bien malgré-nous sur le périphérique parisien avec notre bateau qui n’en demandait pas tant ! Après la grande caravane Airstream de Petzl il y a quelques années, me revoilà avec un gros attelage sur cette maudite voie qui n’a de rapide que le nom ! Notre calvère prend fin plus d’une heure plus tard lorsque nous rejoignons enfin l’A10. Les enfants se sont endormis, et nous décidons d’essayer de continuer la route sans arrêt jusqu’à notre destination. Nous souhaitons passer quelques jours à la campagne à Luchapt, un petit village du sud de la Vienne où ma Maman habite. Le grand jardin sera idéal pour nettoyer complètement le bateau et les enfants seront ravis de retrouver leur grand-mère et leurs Lego et Playmobil. Avant cela, il reste un peu plus de 300 km à parcourir. Vers 00h30, nous faisons halte sur une aire d’autoroute autour d’Orléans. Après quelques minutes de pause et un énième café englouti, je me remets au volant : impossible de re-démarrer. D’avis d’un très sympathique routier, la batterie a rendu l’âme. Je file à la station service et, à défaut de batterie, trouve une paire de pinces crocodile. Je sors l’échelle du coffre et monte à bord du bateau pour démonter la batterie de démarrage du moteur hors-bord. Celle-ci ne fait que 60 ampères quand celle de notre voiture en fait 95… Espérons qu’elle suffira malgré tout à démarrer. Après l’avoir connectée grâce aux pinces, c’est concentré et plein d’espoir que je tourne la clé : après une très légère hésitation, le moteur s’élance puis tourne. L’alternateur prend le relais et tout fonctionne maintenant normalement. En revanche, plus question de couper le moteur jusqu’à notre arrivée. Les enfants se rendorment aussi sec et les kilomètres s’enchainent dans une nuit bien noire dont nous avons perdu l’habitude. Le vendredi 30 juillet à 4h30 du matin, 21 heures après avoir quitté le ferry et roulé presque 1 500 km, nous arrivons à destination. Les enfants sont heureux de retrouver le dortoir de la grande maison familiale, et nous les rejoignons dans les bras de Morphée vers 5h.

Nous profitons des trois jours suivants pour d’abord souffler un peu, puis pour nettoyer l’intérieur du bateau qui en a bien besoin. Nous nous attaquons ensuite au décapage de la coque sur laquelle la forte concentration de pollen dans la Baltique a laissé des traces de coulures cuivrées. L’opération demande pas mal d’huile de coude. Le mardi 3 août au matin, nous laissons les enfants à ma mère et quittons Luchapt avec Claire en direction de La Rochelle. Drôle de sensation de nous retrouver seulement en couple après ces trois mois passés tous les quatre. Cette vie en famille à chaque instant est finalement assez inhabituelle de nos jours, et tout s’est suffisamment bien passé pendant ce voyage pour que nous ressentions l’absence des enfants presque comme un manque. Nous arrivons en fin de matinée sur La Rochelle, dans une ambiance et une météo digne d’un mois de novembre… Nous nous installons sur le plateau nautique en mode « pirate » et, grâce à l’aide de quelques amis, terminons le nettoyage de la coque par un coup de polish pour éliminer les rayures et lui apporter un peu de brillant et de protection. Vers 17h, le bateau est pris en charge par la grue du Port des Minimes et retrouve l’eau -un peu plus salée et surement pas beaucoup plus chaude- de l’Atlantique. Cinq minutes plus tard, nous regagnons notre place habituelle et, avec l’aide de nos amis Eric et Fred, re-mâtons le bateau dans la foulée. Deux jours plus tard, le bateau est à nouveau accastillé, et le pont a lui aussi retrouvé un peu de sa blancheur.

Le bateau est à nouveau prêt à naviguer pour de nouvelles aventures locales dans les pertuis, dès la rentrée. En attendant, comme dans une bande-dessinée d’Astérix et Obélix, nous allons terminer cette aventure autour d’un bon banquet. Il est évidemment un peu tôt pour tirer tout les enseignements et faire le bilan de ce voyage. Si les circonstances le permettent, peut-être que nous aurons l’occasion dans les prochains mois de raconter et partager ce voyage, à La Rochelle ou ailleurs. Nous proposerons également une nouvelle page avec quelques informations pratiques à destination d’équipages qui pourraient être tentés par une navigation en Mer Baltique : ce qui a marché comme ce qui a plus ou moins raté. Nous réaliserons également une cartographie globale de notre parcours.

D’ici là, merci de nous avoir lu et accompagné à distance dans cette petite aventure familiale. Merci également à nos partenaires, Tribord, Katadyn France et Récréation La Rochelle, dont le matériel a fait partie de notre quotidien pendant ces trois mois, et grâce à qui nous sommes restés au chaud et au sec, avons décoré la coque du bateau, résisté aux attaques des moustiques scandinaves, allumés des feux dans toutes les conditions, pansés tous les bobos…

Et comme dans un épisode de Radio Boubou, « on vous fait plein de coeurs, plein de bisous  » !

Claire & Alex

Radio Boubou Episode #10

Radio Boubou

Bonjour à tous,

Le dernier épisode de Radio Boubou est en ligne !

Papa dit souvent que le plus dur c’est de terminer une série ! On espère que ce 10ème et dernier épisode de Radio Boubou vous plaira plus que le dernier épisode de Star Wars, et au moins autant que l’ultime album de Walking Dead !

En attendant d’avoir votre avis, on vous souhaite un bel épisode ! Profitez-en car c’est peut-être le dernier 😉

Radio Boubou, saison 2 épisode 10, c’est parti !

Saison 2 / Episode 10

Bisous tout le monde, on vous fait plein de coeur plein de bisous !

Paul & Blanche

Arkösund // Västervik – Du 16 au 26 juillet

Le bateau

Vendredi 16 juillet – Journée à terre à Arkösund
Après notre navigation dans le brouillard la veille pour rallier le port d’Arkösund, nous profitons des machines à laver du port et avitaillons le bateau. Voilà presque trois semaines que nous faisons nos lessives à l’eau de mer, et les draps ont besoin d’un petit coup de propre. Mi-juin, lors de notre premier passage à Arkösund, nous étions quatre bateaux en escale, répartis sur les deux ports d’invités. Cette fois, les deux ports sont pleins. Cette dernière quinzaine de juillet correspond à la période la plus chargée des vacances en Suède. De nombreux bateaux allemands sont également venus gonfler les rangs de la flotte qui sillonne actuellement les archipels. En revanche, nous n’avons toujours pas croisé de compatriotes de la marine française… Après quelques lessives matinales, direction la petite réserve naturelle et ses pontons aménagés entre les rochers pour un après-midi de baignade.  

Samedi 17 juillet – Arkösund // Håskö Lisselön
Nous continuons notre descente plein sud. Le vent, lui, file plein nord… Nous sommes quelques bateaux à partir ensemble ce matin. C’est l’une des rares fois où nous observons un voilier suédois (avec une magnifique garde-robe, ceci expliquant peut-être cela) s’obstiner à tirer de très beaux bords au près à la voile alors que d’habitude, tous sont au moteur dans ces conditions (et pas que dans ces conditions d’ailleurs). L’idée de l’accompagner dans cette noble mais fastidieuse tâche me traverse l’esprit, jusqu’à ce que je croise le regard de Claire qui, sans ouvrir la bouche, me dit : « Ne t’excite pas mon Alex ! Il est deux fois plus gros que nous et avec des voiles de régate. Il nous aura semé en moins de 10 minutes et sera déjà à la sieste quand on n’aura pas encore fait 5 miles dans ces conditions… On met la grand-voile en soutien si tu veux, mais tu laisses le moteur en marche et on avance ! » Et tout ça sans dire un mot… juste avec les yeux ! On commence à bien se connaître sur la marche du bateau 😉
C’est donc au moteur et dans une bonne brise de face montant jusqu’à 15kt que nous rallions l’île d’Håskö. Par un étroit passage nous gagnons la grande baie de la côte est, et prenons un mouillage sur ancre arrière contre les rochers au sud-ouest de la baie. Le lieu est réputé et de nombreux bateaux occupent le petit ponton visiteurs, où les autres mouillages possibles. L’endroit est abrité et nous sommes assez tranquilles malgré l’affluence. Un rond de pierre pour faire un feu a été laissé par nos prédécesseurs, et un petit village de pêcheurs avec une poissonnerie artisanale est accessible par un sentier en 10 minutes de marche. L’endroit nous semble parfait pour passer deux ou trois jours et fêter l’anniversaire de Ti’Paul le lendemain !

Dimanche 18 juillet au mardi 20 juillet – Journées à terre à Håskö
Comme presque tous les matins, la journée commence par un gros câlin avec les enfants. Celui-ci est encore plus sympa, car aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Paul qui fête ses 7 ans ! Une journée organisée entre baignades « au cul du bateau » (comme disent maintenant les loulous), balades sur l’île, petits tours en annexe, et feu de camp avec des chamallows grillés ! Pour marquer le coup et dans l’attente de son nouveau vélo à notre retour à La Rochelle, nous lui avons offert un jeu d’échecs. Après quelques parties ensemble, Paul et sa sœur s’approprient l’échiquier et y développent rapidement leurs propres règles… On avait rarement entendu autant d’éclats de rires autour d’un échiquier ! Les enfants jouent également beaucoup tous les deux au bord de l’eau et créent une maquette géante de port à base de cailloux et de morceaux de bois. Nous profitons également de cette escale pour sympathiser avec un couple de suédois. Fait rare dans ce voyage (surement lié à notre niveau d’anglais disons « décevant »), nous passons plusieurs heures à discuter en anglais avec eux et partageons notre feu et notre bouteille de rhum « Don Papa » jusqu’à tard en soirée. 
Le lendemain, un autre de nos voisins quitte le mouillage en oubliant son barbecue à terre : le sacrilège ultime pour tout équipage suédois qui se respecte ! Afin de leur éviter une nouvelle approche au ras des cailloux, nous leur livrons le barbecue à la rame grâce à notre annexe. Le temps glisse doucement, rythmé par les baignades, les feux de camp et nos dégustations de superbes harengs et saumons fumés que nous achetons chez les pêcheurs. La baie s’est vidée peu à peu, et nous profitons pleinement de cette escale, conscients que la fin de notre voyage approche à grands pas. 

Mardi 20 juillet – Håskö // Fyrudden
L’étape du jour est courte mais va s’avérer sportive. Cette fois, j’ai négocié en amont avec Claire le fait de pouvoir rallier le port de Fyrudden à la voile, au près. Avec 15 kt de vent établi et le bateau chargé, nous naviguons avec 1 ris dans la grand-voile et le solent réduit par quelques tours d’enrouleurs. Je me régale à la barre, j’ai l’impression de faire du 420 ! 
Cette escale au port est nécessaire après ces trois jours au mouillage, pour pouvoir faire le plein d’eau et quelques courses. Nous en profitons également pour faire un tour à la pizzéria réputée du port et nous faire une petite séance « cinéma en famille » sur le bateau !

Mercredi 21 juillet – Fyrudden // Torrö Ålgårdsfjärden
J’ai encore envie de m’amuser à la voile aujourd’hui ! Les prévisions de vent d’est tournant sud-est autour de 10kt sont la promesse d’une nouvelle belle journée à la voile, au travers avec un peu de près. Nous quittons le catway et hissons la grand-voile dans la foulée, bientôt rejointe par le solent. Le moteur est coupé avant même de quitter le port. Pas peu fier de notre efficacité ce matin, je me retourne et constate que les quelques plaisanciers suédois qui traînent sur les pontons ce matin, ont visiblement apprécié la manœuvre : 1 point pour la marine française ! Je savoure ce petit brin d’orgueil, Claire moins. Agacée par cette précipitation, elle descend dans le carré profiter de son thé avec les enfants et me laisse seul aux commandes du bateau. Je m’éclate ! Après un départ un peu mou sous le vent des îles, nous gagnons un peu le large et profitons d’une bonne petite brise. Les quelques rochers m’obligent à alterner les allures entre bon plein et travers. J’arrive à négocier ces transitions tout en gardant le gennaker dans cet air compris entre 8 et 10 kt. Le bateau marche bien et je profite pleinement de cette navigation en solo sur cet itinéraire que nous avions prévu de prendre à l’aller et auquel nous avions dû renoncer lorsque se sont déclenchés nos problèmes de moteur… Nous arrivons en milieu d’après-midi dans une petite baie pas très abritée dans laquelle s’engouffre le vent. Nos approches de repérage sur les rochers afin de trouver un bon emplacement de mouillage sont rendues difficiles par le vent qui souffle sur babord. Nous faisons cinq tentatives avant de finalement décrocher une bonne place pour la nuit. La berge est abrupte, et Claire a dû faire preuve de pas mal d’audace pour gagner la terre ferme depuis la delphinière et frapper provisoirement une amarre. Je la rejoins rapidement avec les enfants afin de placer quelques pitons dans les fissures pour bien amarrer le bateau. Les enfants adorent le bruit du piton « qui chante » lorsque celui-ci est bien en place. Moi aussi ! Ça me rappelle quelques bons souvenirs d’escalade 😉
Seul un bateau, que nous aidons dans son approche, nous rejoint en soirée. Ce voilier de plus de 40 pieds sera parfait pour nous couper le vent et nous protéger du petit clapot cette nuit. L’île est sauvage et nous nous offrons une agréable randonnée avant de prendre l’apéritif perché sur notre petite falaise. 

Jeudi 22 juillet – Torrö Ålgårdsfjärden // Hasselö Sand
Nous ne sommes plus qu’à une petite quarantaine de miles de Västervik, notre point de départ, que nous avons prévu de dépasser pour aller faire un tour un peu plus au sud avant de rentrer. L’étape du jour doit nous conduire sur l’île de Hasselö qui, nous a-t-on dit, est une plage paradisiaque pour les enfants. La jolie brise d’ouest qui souffle aujourd’hui sur la côte est favorable à tous les équipages, que l’on fasse du nord ou du sud. Les voiliers sont donc de sortis, et nous sommes des dizaines à nous suivre ou nous croiser sur les chenaux balisés qui traversent l’archipel, parfois par de très étroits passages. C’est sur l’un d’eux, à la faveur d’une rafale que nous coinçons l’enrouleur de la voile d’avant en essayant de réduire la voilure. Nous avons maintenant une bonne brise et nous ne pouvons garder le solent complétement déroulé. J’arrive finalement à l’enrouler à la main en sens inverse puis à le bloquer, et nous décidons de nous en passer pour la fin du parcours. Un peu plus tard, nous croisons à portée de voix, et pour la première fois en Suède, un bateau de la classe MINI : le numéro 330. Même si les voiles sont toujours siglées FRA, celui-ci bat désormais pavillon suisse et nous saluons chaleureusement son skipper. 
Encore une belle journée de voile qui nous conduit à Hasselö et sa plage sous affluence… Nous arrivons à prendre la dernière place disponible sur le ponton, avec ancre arrière contre un bout de quai exposé au vent… La place est tellement nulle que nous finirons par en changer dans la soirée après qu’une bien meilleure, sous le vent, se soit libérée. 
Pendant que les enfants gagnent la plage et (une fois n’est pas coutume) se projettent chacun de leur côté dans leurs jeux, nous continuons d’essayer de joindre le capitaine de la marina de Västervik pour commencer à organiser le retour et le grutage du bateau. Nous en profitons pour jeter un coup d’œil sur les places encore disponibles pour le ferry et les hôtels. Début août marque la fin des principaux flux touristiques en baltique, et les ferries et les hôtels sont pleins. Il reste quelques places à des prix abordables pour le milieu de la semaine suivante, puis plus rien avant 15 jours, ou plus rien à des prix raisonnables (au sens d’une famille de quatre en fin de budget 😉 Ayant fait le tour des paysages de cette partie de la Baltique, nous n’avons pas forcément envie de prolonger l’aventure de quinze jours vers le sud, et décidons d’essayer de viser le créneau de la semaine suivante. Parents et enfants seront ravis de rentrer avec quelques jours d’avance sur le programme initial pour profiter de la famille et des amis avant la rentrée. Le créneau est cependant court car les places disponibles sur le ferry sont pour la nuit du mercredi 28 au jeudi 29. Nous devons avant cela rallier Västervik, démâter et gruter le bateau avant une journée de route pour gagner la côte sud de la Suède.   
Une fois la décision prise avec l’avis des enfants, nous finissons la journée à la baille, « au cul du bateau », non sans avoir préalablement réparer l’enrouleur de génois. La plage s’est vidée de ses occupants venus en inter-îles passés la journée. Le site retrouve son calme en soirée et nous offre un beau couché de soleil pour cette désormais dernière étape de notre voyage. Demain, nous serons de retour à Västervik.

Vendredi 23 juillet – Hasselö Sand // Västervik
Västervik n’est plus très loin, et nous devons idéalement rallier la marina avant le départ en vacances du capitaine du port Andreas, avec lequel nous devons nous organiser pour le grutage du bateau. Les enfants profitent de la plage avant notre départ. Les quelques nuages dans le ciel ce matin n’ont pas contribué à attirer du monde, et les enfants profitent seuls d’une animation type « fouille archéologique » en libre accès sur la plage. Ils sont comme des dingues à s’afférer autour d’un squelette de dinosaure qui apparait au fur et à mesure de l’avancée de leur travail ! Ils repartent de la plage ravis et remontent sur le bateau les pieds plein de sable, mais le sourire jusqu’aux oreilles.
Une fois le ponton quitté, nous savourons, à la voile, même à 2 kt, ces derniers moments de navigation en Baltique. Puis en sortant du petit fjörd, nous prenons le vent de nord-est et allongeons la foulée jusqu’à l’entrée du fjörd de Västervik. Dans cette dernière partie exposée à la houle du large, la mer est bien formée et assez désorganisée. C’est dans ces conditions, au largue, que l’on s’amuse le moins à la barre. Est-ce un effet secondaire du bi-quille, mais, chaque vague prise par l’arrière à cette allure, nous donne l’impression que le bateau va se coucher sur un bord. Nous essayons de corriger minutieusement les mouvements du bateau en veillant à ne pas amplifier cette sensation par de grands coups de barre. Le bateau avance bien malgré tout et nous finissons par gagner l’abri du fjörd en mode « concentrés ». La mer se calme et les enfants nous rejoignent sur le pont, puis prennent avec nous les commandes du bateau pour cette remontée de 5 MN.  Nous passons l’étroiture et ses petites tours de balisage à la voile et sommes en vue de la Marina. Comme un symbole, juste avant d’affaler les voiles face à l’entrée du port, Claire échappe un pare-batte à la mer. Une petite manœuvre type « homme à la mer » plus tard, le pare-batte à regagner le bord, la grand-voile est ferlée, et nous gagnons l’une des dernières places disponibles sur un ponton avec bouée arrière. Il fait maintenant grand soleil, et la marina est pleine à craquer. Un vrai changement par rapport à notre départ sous des trombes d’eau à la fin du mois de mai, où nous avions la chance de pouvoir squatter le quai d’honneur face à la capitainerie avec quelques rares bateaux !

Les trois jours suivants sont consacrés au rangement puis au démâtage du bateau avant de pouvoir le gruter et prendre la route.  Nous venons également de récupérer notre voiture et notre remorque garées dans un grand hangar par l’équipe du port. Au téléphone, ma Maman m’a demandé si l’on devait à nouveau décrocher le moteur du bateau pour le transport. J’ai répondu que oui. Elle m’a demandé de ne pas me faire mal. J’ai promis que j’allais essayer 😉

On vous raconte notre voyage retour d’ici quelques jours dans de nouvelles pages de ce carnet de bord et un nouvel épisode de Radio Boubou.

D’ici là, amitiés à tous et encore merci pour vos messages qui nous accompagnent dans cette petite aventure à la voile qu’il reste encore à (bien) terminer ! 

Claire & Alex

PS : La galerie photos complète est à découvrir ici !

Radio Boubou Episode #09

Radio Boubou

Bonjour à tous,

L’épisode 9 de Radio Boubou est en ligne !

Sur le chemin du retour, on apprend à sauter depuis les cailloux, à naviguer dans la brume… sans oublier de fêter les anniversaires !

Radio Boubou, saison 2 épisode 9, c’est parti !

Saison 2 / Episode 9

Bisous tout le monde, on vous fait plein de coeur plein de bisous !

Paul & Blanche

Arholma // Arkösund – Du 6 au 15 juillet

Le bateau

Mardi 6 juillet – Arholma // Möja
Après notre escale de 24 heures sur le petit ponton de l’île d’Arholma, nous attaquons désormais la route du retour. Le réveil sonne à 5h du matin. Une délivrance pour moi, après une courte nuit de sommeil achevée vers 3h du matin. Je suis d’habitude plutôt bon dormeur, mais j’ai de plus en plus de mal à gérer les nuits sans nuit. D’autant plus qu’il fait assez chaud depuis une semaine, et que nous ne mettons plus le rideau sur le hublot au-dessus de notre couchette pour pouvoir laisser entrer un peu d’air. Après une heure de navigation entre les îles, nous entrons dans le Gräskö-fjärden, une zone de navigation bien plus ouverte vers le large, située sur la partie nord-est de l’archipel. Le vent du sud se lève rapidement et s’établit autour de 15/18 kt. Il souffle donc pleine face et lève sur la mer un clapot serré qui s’avère vite pénible. La fatigue aidant, je m’agace une nouvelle fois de ce vent qui semble décidemment toujours souffler dans le sens opposé à notre route. Claire me remplace à la barre et je rejoins les enfants à l’intérieur pour me faire un café. Trois heures et quatre cafés plus tard, nous approchons de l’ensemble d’îles de Möja. La mer se calme en approchant et nous préparons notre arrivée. Notre guide de navigation suédois indique une petite baie au milieu de laquelle un petit ponton de pêcheurs peut accueillir trois ou quatre bateaux. Au loin, il nous semble pourtant apercevoir un ensemble d’une dizaine de mâts à l’entrée de la baie, ce que nous confirmons rapidement aux jumelles. Nous arrivons finalement sur un ponton qui ne figure pas sur notre guide, et nous nous amarrons entre plusieurs bateaux où semble régner une ambiance assez familiale. 
Après quelques minutes nous remarquons une petite plage accessible depuis le ponton, bien abritée derrière des rochers. En revanche, le bâtiment de services du petit port semble déserté. Nos voisins nous informent que le ponton a été construit il y a deux ans sur des bases juridiques douteuses. Depuis, interdiction est faite de le faire figurer sur les cartes et guides, et les services du port sont fermés jusqu’à nouvel ordre. En revanche, même si l’eau est coupée, la borne électrique fonctionne. Ce ponton fantôme ne figurant sur aucune carte est donc gratuit : la bonne surprise du jour ! Un suédois récemment installé sur l’île à la faveur du COVID, nous remarque, et vient engager la discussion dans un excellent français. Il nous indique les coins de l’île à ne pas rater, ainsi qu’un restaurant familial de pêcheurs à découvrir absolument. En fin de journée, nous voilà donc partis en randonnée sur l’unique piste de l’île. Après quelques kilomètres et la découverte d’un magnifique petit port de pêche sur la côte est, nous arrivons dans ce petit restaurant isolé sur une hauteur. L’accueil et les poissons sont parfaits et nous passons une excellente soirée.

Mercredi 7 juillet – Journée à terre à Möja
Objectif de la journée : atteindre le village situé à 7 kms au sud de l’île. Sur toute cette partie de l’archipel, il n’y a pas de voitures et donc pas de routes sur les îles. Les quelques voies de circulation sont des pistes en terre battue qu’empruntent de rares quads et de nombreuses et étranges mobylettes triporteurs électriques, équipées d’un grand plateau de chargement à l’avant : je les adore ! Si j’avais un bateau plus grand j’en ramènerais une à La Rochelle ! N’ayant malgré tout ni quad, ni mobylette à notre disposition (et n’arrivant pas non plus à louer de vélos), nous nous décidons à rallier le sud de l’île à pieds. Hélas, notre bonne volonté se heurte rapidement à un mur de moustiques dès l’entrée en forêt. Nous avons les produits anti-moustiques mais pas les moustiquaires de têtes… Pour la première fois de notre vie, nous sommes amenés à renoncer à notre parcours pour cause de moustiques… Dans le jargon de l’escalade et de l’alpinisme, on appelle ça un « but ».  Ce sera donc notre premier « but moustiques ». Nous nous replions sur la baignade, quelques jeux en famille, et le rangement du bateau. Dans l’après-midi, de fortes pluies s’abattent sur le pont et le temps tourne à l’orage en soirée, nous offrant quelques magnifiques couleurs au coucher du soleil.

Jeudi 8 juillet – Möja // Sandhamn
Nous quittons notre « ponton fantôme » en début de matinée et naviguons par un léger vent de sud-ouest. Nous nous engageons rapidement dans le magnifique chenal naturel de Bockösundet où nous repérons quelques mouillages sauvages, puis nous rejoignons le grand bassin de navigation situé au nord de Sandhamn. Cette petite île, située à la sortie est du principal chenal d’accès à Stockholm, devient chaque été, la capitale « chic et branchée » de la voile en Suède. Elle accueille les installations du club royal de voile, ainsi que l’arrivée de la Gotland Runt, une régate à la voile connue des scandinaves, une sorte de Fastnet de la Baltique. Puisque « chic et branché » rime avec « Autexier », nous amarrons Amor Fati sur le ponton situé juste en face du Grand Hôtel, aux côtés de voiliers de plus de 45 pieds et de yachts de luxe ! Après une heure, les filières et la bôme sont transformées en fils à linge, et nous dénotons quelques peu dans le décor. Très fiers de notre effet, nous quittons le bord et partons découvrir en famille les magnifiques bateaux classiques arrivés la veille, à l’occasion justement, de l’arrivée de la Gotland Runt.

Du vendredi 9 au dimanche 11 juillet – Journées à terre à Sandhamn
Un fort coup de vent de sud et des orages sont annoncés pour le week-end. Malgré le côté « bling-bling » du port, l’île est sauvage, et le village et ses dédales de maisons colorées magnifiques. Nous décidons donc de rester sur place pour les trois prochains jours. Nous partageons notre temps entre balades à vélos, travaux d’entretien sur le bateau et baignades. Nous visitons également les îles situées juste en face du port, accessibles par un bateau navette. Puisque nous sommes amarrés au pied de la terrasse de l’hôtel depuis laquelle nous avons une vue imprenable sur notre pont, nous nous accordons pour la première fois en soirée une sortie au bar sans enfant. 
Les coutumes locales sont parfois étranges… Alors que les nuits sont rendues agitées par de nombreux fêtards autour de l’hôtel ou sur les bateaux, un agent du port tire invariablement un coup de pistolet au pied du mât installé devant l’hôtel tous les matins à 8 heures pétante. S’en suit quelques applaudissements sur les bateaux, la levée du drapeau national au mât, et un grand nombre de plaisanciers qui s’agitent à la poupe de leurs bateaux respectifs pour installer leur pavillon. Le rituel inverse se joue tous les soirs à 21 heures précises. Le dimanche matin, après une nuit particulièrement festive autour d’Amor Fati, je me réveille en sursaut ! Un morceau de jazz est joué à fond dans les enceintes extérieures de l’hôtel, tournées vers le port. Je consulte mon téléphone : il est 5h00 du matin ! Le morceau est très beau mais je me demande quand même l’intérêt de cette nouvelle coutume dominicale… Curieux, je me présente vers 9h à la réception de l’hôtel pour demander quel est ce morceau de jazz magnifique, ainsi que le sens de ce que je crois encore être une tradition locale. Le réceptionniste se décompose et se répand immédiatement en excuses. De tradition il n’en est rien ! C’est juste l’équipe de nettoyage et de préparation de la salle du petit déjeuner qui s’est plantée dans la gestion de la console son et à envoyer par erreur la musique à l’extérieur…  Je repars bien mort de rires, mais toujours sans savoir quel était ce morceau de jazz.

Lundi 12 juillet – Sandhamn // Ornö
Il est temps de quitter Sandhamn. Le fort coup de vent du week-end est passé et laisse place à une légère brise du sud sous un franc soleil. Nous sommes ravis de cette escale malgré l’ambiance parfois bruyante, le coût du port et ses extras qui ont creusé un peu plus le déficit de la caisse du bord. Dans l’archipel de Stockholm, tout est deux fois plus cher qu’ailleurs sur le littoral suédois. Nous naviguons à nouveau au près, mais y prenons cette fois beaucoup plus de plaisirs. Le bassin est abrité par une succession de petits îlots. La mer y est plate et dans ce petit air, nous arrivons même à faire du près avec le gennaker bien bordé.  Après quelques heures, nous longeons la côte sud-est de l’île sauvage d’Ornö, et gagnons le ponton d’escale de Ornö Kyrkviken. Pour la première fois du voyage nous revenons sur une île découverte à l’aller, mais cette fois par son autre versant. Ce ponton accueille une petite station de sauvetage et un chantier. Nous y retrouvons deux voiliers en panne moteur remorqués par les sauveteurs dans la journée. De quoi réveiller quelques souvenirs 😉 Un sentier de 3 kms nous amène ensuite dans une petite réserve naturelle, puis nous passons une nuit tranquille, loin de l’agitation de Sandhamn.

Mardi 13 juillet – Ornö // Nynashamn
Le vent souffle à nouveau du nord-est autour de 10/15 kt : la promesse d’une belle journée à la voile pour gagner le port de Nynäshamn où nous avions fait escale à l’aller pour trouver une pharmacie pour la cicatrisation de mon doigt. Cette fois, nous devons faire le plein de gaz et du bar avant d’attaquer une série de mouillages plus sauvages pour les prochains jours. Après la descente de l’île d’Ornö dont nous enroulons la pointe sud-ouest sous gennaker, nous entrons dans le bassin de navigation de Mysingen. Le vent s’y renforce et s’établi à 20 kt avec des rafales à 25 kt. Nous évoluons vent arrière en ciseaux avec 1 ris dans la grand-voile et dépassons assez régulièrement les 6kt dans cette longue descente vers Nynäshamn. Plus nous approchons de la partie sud du Mysingen, plus la mer se creuse. Nous surfons sur certaines vagues et constatons que derrière nous la mer s’est couverte de moutons. En arrivant à Nynäshamn, où le port est bien abrité de la mer, nous sommes hallucinés par la taille d’un grand paquebot de croisières MSC. Il s’agit ni plus ni moins d’une grosse barre d’immeuble flottante très moche, et qui, à terre, serait sans doute vouée à la destruction dans le cadre d’un plan de ré-urbanisation. Seul truc marrant : un immense toboggan en tube domine le pont supérieur, et nous faisons croire aux enfants qu’il éjecte ses passagers dans la Baltique 50 mètres plus bas !
Après avoir longé le MSC, nous gagnons le port et trouvons une petite place sur un catway dont l’approche est rendue assez sportive par les 15 kt de vent arrière qui soufflent encore dans le port. C’est la première fois que nous revenons sur une étape déjà « cochée » à l’aller. La sensation est assez agréable, et nous avons presque l’impression d’y avoir nos habitudes. Seul ombre au tableau, le pompiste refuse de m’échanger ma bouteille de gaz car celle que nous avons ne fait pas exactement la même contenance. Je lui propose d’acheter une plus grande mais refuse car, selon lui, les bouteilles consignées doivent « restées en Suède ». Vrai problème de livraison avec CampingGaz ou petit symptôme xénophobe avec ma tête de « tout sauf suédois », nous ne saurons jamais. Je me plais en revanche à piquer une grosse colère en public et en anglais, devant ce désagréable pompiste visiblement peu habitué à ce qu’on lui tienne tête et qui très vite se décompose, me tournant le dos en baragouinant qu’il va appeler la police. Je repars avec ma fierté de petit coq français en étandard, et le sentiment de pouvoir au moins annoncer à Claire que, certes je reviens avec une bouteille de gaz vide, mais qu’au moins j’ai été combatif dans la défaite !

Mercredi 14 juillet – Nynäshamn // Ringsön
Pour cette redescente nous nous sommes jurés de profiter un peu plus des lieux qu’à l’aller.  Entre mon doigt et les problèmes de moteur nous sommes passés à côté de pas mal d’étapes que nous avions repérées initialement. L’île de Öja, plus souvent appelée Landsort fait partie de ces étapes. Elle accueille le plus vieux phare de Suède. Le départ de Nynäshamn se fait sous gennaker par une bonne brise de travers. Nous sommes pour l’instant à l’abri d’une île plus à l’est, et filons à plus de 6,5 kt pendant près d’une heure. Plusieurs grands voiliers sont à nos côtés et ont grande peine à nous remonter. Nous traversons ensuite la partie sud-ouest du bassin de Mysingen, descendu la veille. En quelques minutes, la mer se creuse et nous affrontons une houle très courte avec des creux de plus deux 2 mètres qui viennent de babord et nous font sacrément rouler ! Impossible de tenir le gennaker gonflé dans ces conditions. Nous l’enroulons, et essayons d’avancer tant bien que mal dans cette mer très inconfortable, la pire que nous ayons rencontrée avec Claire sur ce bateau. Le tarif est le même pour l’ensemble de la petite flotte que nous formons à une dizaine de voiliers. Comme d’habitude, nous sommes les plus petits. A l’intérieur du bateau c’est « Bagdad » ! Tout ce qui n’était pas rangé dans les équipées se retrouve par terre, et les enfants présentent (et pour Blanche, c’est une première) quelques signes de mal de mer.  Une fois le Mysingen passé, nous enroulons une grande pointe de terre et nous nous retrouvons dans un bassin bien plus calme. Nous quittons rapidement notre flotte improvisée pour nous engager vers le sud et l’île de Landsort. Nous préparons notre arrivée et nous engageons dans une petite crique au nord-ouest de l’île. Un homme au porte-voix nous demande si nous avons réservé une place, et répondons en braillant que non. Les plaisanciers (notamment allemands) sont arrivés en force depuis 10 jours, et les ports et mouillages sont de plus en plus chargés. Nous sommes éconduits et devons reprendre la mer. Nous décidons de poursuivre vers l’ouest et, après consultation du guide nautique, portons notre dévolu sur une crique sauvage à l’ouest de l’île de Ringsön. Nous y arrivons en milieu d’après-midi et 25 MN parcourus. Nous abordons quelques rochers par l’avant avec ancre arrière, et prenons notre place à côté de deux autres bateaux. Dix minutes plus tard nous sommes tous à l’eau à plonger depuis le tableau arrière dans une eau particulièrement bonne. Je repère quelques rochers d’où sauter, et improvise une initiation sauts depuis les cailloux avec les enfants. Nous terminons cette superbe journée par un magnifique morceau de saumon fumé accompagnée d’une petite crème citron échalote et du guacamole, le tout poser sur une sorte de biscotte suédoise aux céréales : le pied !

Jeudi 15 juillet – Ringsön // Arkösund
Après une nouvelle courte nuit pour moi, nous nous réveillons dans un décor cotonneux. La brume a envahi le mouillage. La météo annonce qu’elle sera levée avant 10 heures, et nous prenons notre temps au café. Rapidement, de nombreux bateaux quittent le mouillage ce que nous interprétons comme un bon présage. Le brouillard commençant à se déchirer par endroit, nous décidons de commencer à nous préparer pour la navigation du jour : une traversée cap sud-ouest de 25 MN en coupant par le large, pour rallier le port d’Arkösund.  
Une heure plus tard, nous quittons l’abri des îles et prenons notre route. La visibilité est très moyenne, et un doute commence à s’immiscer dans nos têtes concernant la levée du brouillard. Le temps de nous concerter, les quelques cailloux qui subsistent autour de nous ont disparu dans un épais brouillard, les îles derrière nous également. Notre expérience à la voile est faible, celle de la navigation dans le brouillard est nulle. Nous décidons de poursuivre au près avec grand-voile et appui moteur à une vitesse de 4 kt. Nous naviguons uniquement à la cartographie Navionics sur la tablette, et n’avons ni AIS ni réflecteur radar… J’envoie Claire à l’avant avec la trompette de brume et lui demande de souffler dedans régulièrement. Nous scrutons l’horizon avec une visibilité qui oscille entre 50 et 150 mètres à 360°. Nous allons rester dans cet épais et angoissant brouillard pendant trois heures, et allons au passage traverser deux importants chenaux de navigation pour les cargos en provenance ou à destination des ports de Oxelösund et Norrköping. Pour nous rassurer un peu, je me connecte avec mon portable à l’application Marine Traffic pour tenter de repérer si des bateaux circulent ou non dans notre secteur. N’arrivant pas à nous situer précisément sur cette cartographie d’ensemble, et ne sachant pas s’il s’agit du trafic en temps réel, l’opération a peu d’intérêt. Le brouillard commence enfin à se déchirer par endroit. Au loin nous apercevons sur un rocher affleurant à la surface notre premier phoque sauvage du voyage ! Tout le monde est excité sur le pont.  Nous sortons finalement complétement du brouillard à quelques milles d’Arkösund. Le vent se renforce et nous sauvons cette journée stressante par une belle navigation à la voile, au près dans 12 à 15 kt de vent avant de rallier le port. En dégustant une grande bière au pub en soirée, nous débriefons. Même si nous avons plutôt bien géré la situation en allumant tous nos feux, en mettant l’un de nous à la proue, et en nous signalant avec la corne, nous aurions surement dû faire demi-tour en voyant le brouillard encore dense vers le large. Nous avons bêtement insisté en nous fiant à notre habituel adage : « qui écoute la météo, reste au bistrot !». Même si tout s’est finalement bien passé, ce coup-ci, nous aurions peut-être mieux fait de rester boire des cafés ou des bières à notre mouillage 😉

N’hésitez pas à aller faire un tour du côté des galeries photos si vous avez envie d’en découvrir quelques-unes supplémentaires !

Bises à tous et à bientôt !

Claire & Alex

Radio Boubou Episode #08

Radio Boubou

Bonjour à tous,

L’épisode 8 de Radio Boubou est en ligne !

On a encore un petit peu de retard mais il n’y avait pas d’accès au 220 volts sur nos mouillages depuis quelques jours, et Papa n’avait plus de batterie sur son ordinateur… Il n’est pas très concentré, excusez-le !

Radio Boubou, saison 2 épisode 8, c’est parti !

Saison 2 / Episode 8

Bisous tout le monde, on vous fait plein de coeur plein de bisous !

Paul & Blanche

Nord de l’archipel de Stockholm – Du 25 juin au 5 juillet

Le bateau

Du 25 juin au 1er juillet – Vaxholm
Commençons par ce qui fâche : on a pris une grosse déculottée en finale de Top 14 de rugby… Malgré une très belle saison, la tête et les jambes des joueurs du Stade Rochelais sont visiblement restées au vestiaire du Stade de France, en cette soirée du 25 juin. Pendant ce temps-là au nord de l’Europe, se déroulait la fête de Midsommar, le jour le plus long de l’année. Un week-end prolongé d’agapes familiales dans tous les pays nordiques. Malgré l’annulation des festivités publiques pour cause de COVID, les suédois sortent sur leur 31 par ce bel après-midi estival. Des couronnes de fleurs garnissent de nombreuses têtes, des branches d’arbres aux feuilles bien vertes sont accrochées un peu partout dans la ville, et le grand pavois est de sortie sur de nombreux bateaux. Je finis par céder aux croyances et coutumes locales, et profite d’un petit jogging pour ramasser un rameau fleuri que j’attache sur le bout de la delphinière d’Amor Fati. Il paraît que ça porte bonheur, ça pourrait nous être utile 😉 Nous n’assisteront malheureusement pas aux danses et chants traditionnels qui se jouent d’habitude autour de grands feux sur les places, mais nous profiterons dans le port du bain très matinal de quelques fêtards résolus à participer jusqu’au bout à cette nuit blanche. 

Le week-end s’écoule tranquillement à bord. Nous profitons de cette escale forcée dans l’attente de la réception du nouveau moteur pour quelques travaux de nettoyage et d’entretien à bord. Nous en profitons également pour apprendre aux enfants à jouer aux cartes. Blanche est étonnante dans l’exercice du haut de ses quatre ans. Un petit tour de bac le dimanche midi nous permet de rejoindre la forteresse de Vaxholm. Elle est située sur une petite île au milieu d’un chenal, sur l’une des deux seules voies d’accès à Stockholm par la mer. C’est donc tout naturellement qu’elle a servi de place forte d’artillerie, de la fin du moyen-âge, jusqu’à la guerre froide. Elle abrite aujourd’hui un musée, un hôtel, une galerie d’art et un restaurant. Ce dernier est fermé pendant le week-end de Midsommar, et puisque d’après le célèbre proverbe tibéto-pictave : « quand le ventre a faim, l’esprit vagabonde », c’est d’humeur massacrante pour cause de disette forcée que j’encourage toute notre fine équipe à quitter l’île pour chercher pitance dans les meilleurs délais. Après un bon repas, mon humeur s’est éclaircie ; à l’inverse du ciel. Un énorme orage vient frapper Vaxholm en milieu d’après-midi. Nous sommes en terrasse sous un grand store qui nous abrite, regardant les passants courir sous les trombes d’eau. Après quelques minutes, sous l’effet du vent, la sécurité du store s’active, et celui-ci se met à s’enrouler doucement. Inexorablement, il livre alors chaque table et ses occupants aux caprices du ciel. Panique en terrasse, tout le monde aux abris ! En 3 secondes la tasse de café de Claire est à nouveau pleine d’un jus brunâtre. Il ne reste plus que deux mètres de store. Nous aidons comme nous pouvons une table occupée par plusieurs personnes en fauteuil roulant, visiblement résignées à finir submergées… Impossible de les abriter, la porte du restaurant est trop étroite. Un employé attiré par les cris de la patronne fini par trouver la commande d’arrêt d’urgence du store, et le drôle de supplice s’arrête. Une scène digne d’Indiana Jones ! Nous sommes hilares jusqu’à ce que nous nous rappelions que les hublots du bateau sont bien évidemment restés ouverts… Nous regagnons le bord sous des trombes d’eau et au pas de course ! Le vent s’est levé brutalement et de nombreux bateaux viennent se mettre à l’abri dans le port. Nous les aidons comme nous pouvons dans leurs manœuvres rendues difficiles par le coup de vent et je manque une nouvelle fois de passer à l’eau avec une Suédoise. Celle-ci tente coûte que coûte de retenir l’avant de son bateau depuis le ponton, pendant que je la retiens par la taille pour qu’elle ne parte pas avec le bateau… Il a tellement plu que deux équipiers sur différents bateaux arrivent avec le gilet autogonflant déclenché.Une fois séchés, c’est dans une atmosphère brumeuse mais à nouveau ensoleillée, qu’en fin d’après-midi nous gagnons l’échiquier géant de la petite place. Séance initiation au déplacement des pièces et première partie d’échecs pour Ti’Paul sous les regards intéressés de sa sœur qui, sans un bruit, n’en perd pas une miette.

Le lundi nous partons pour une randonnée de 8 kilomètres sur la côte sud de l’île. La ballade est assez sauvage et nous gagnons une grande plage aménagée avec ponton et plongeoir sur la pointe ouest. Les enfants se régalent de pouvoir profiter des joies de la plage en sable et marchent sans broncher au retour. Blanche est en mode « border-collie » et fait des allers retours en courant entre nous tout le retour. 

Je profite également de ces jours de pause pour finir mon chantier de lecture en cours : Dune de Frank Herbert. Outre quelques images du film (qui a d’ailleurs traumatisé ma sœur au cinéma dans son enfance), je ne me suis encore jamais penché sur cette saga. Une très belle découverte dans l’attente de lire les tomes suivants à notre retour. Pendant ce voyage, je me suis promis de lire les classiques de science-fiction qui manquent à mon actif. C’est ainsi que dans ma bibliothèque de bord j’ai également embarqué le Tome 1 du Cycle des Robots, un classique de la SF des années 40. Je le garde pour la fin. Pendant ce temps-là, Claire s’est enfin convertie à Alain Damasio. Après La Horde du Contre-Vent, elle enchaîne avec Les Furtifs, et ne lâche plus sa liseuse en soirée.

Le mardi nous recevons la confirmation de la réception du moteur par le chantier. Rendez-vous est pris pour un montage le jeudi 1er juillet. Après quelques courses, menus chantiers à bord et lessives, nous partons nous baigner sur un petit ponton face à une galerie d’art. Si j’avais de l’argent et un plus grand bateau, je crois que je me lancerai dans le trafic d’art 😉

Dans la journée, le port s’est rempli de bateaux battant pavillon allemand, attirés par le match de la Mannschaft à l’Euro de football. Alors que nous partons pour le bar des sports pour voir le match avec Blanche, Claire reste au bateau avec Paul qui ne se sent pas très bien. Nous nous rejoignons 1h plus tard à bord. Paul a vomi dans le bateau pendant que Blanche vomissait sur la terrasse du bar. Sans un pleur, bien gentiment, les enfants vont se relayer pour vomir jusqu’en milieu de nuit, veillés par Claire qui somnole dans le carré entre deux interventions. Nous soupçonnons une intoxication alimentaire à base de yaourt. Bien que la glacière fonctionne très bien, le yaourt y a visiblement moyennement apprécié son séjour prolongé.

Au matin les enfants sont livides mais ne vomissent plus. Nous restons donc tranquillement à bord pour un repos collectif à base de lectures et de quelques jeux. Dans l’après-midi nous faisons quelques courses avant le départ et commençons à envisager quelques hypothèses pour la suite du programme de navigation. Après une dernière petite partie d’échecs en soirée, une sorte de lougre d’une vingtaine de mètres, le Constantia, vient s’amarrer sur le ponton extérieur du port. Les enfants sont ravis de pouvoir venir observer de près ce navire construit en 1908. S’il n’avait pas embarqué un poteau de signalétique du port avec son mât de beaupré pendant la manœuvre, nous aurions été invités à bord pour le visiter en famille, mais les réparations s’attardent et il est l’heure pour les enfants de gagner leurs couchettes. 

1er juillet
Départ à 8h de la marina pour contourner l’île et rejoindre Gustaf, le patron du chantier V-holm Martina AB qui va nous remplacer notre moteur. Nous nous séparons de l’ancien sans regret après 10 nouvelles minutes de ratés et de calages ce matin avant de pouvoir quitter le port. En fin de matinée, le nouveau moteur arrive suspendu à l’engin de levage du chantier, et vient se caler sur la chaise arrière avec l’aide de Claire qui, bizarrement, tient absolument à ce que je reste éloigné de la manœuvre… 
Ce nouveau moteur est identique au précédent en puissance (9.9 CV), et dispose d’une hélice forte poussée qui devrait rendre le bateau plus réactif sur les manœuvres à faible vitesse. En revanche, pour le kit de commandes à distances, nous devrons patienter jusqu’à notre retour en France et sa disponibilité. Heureusement, le passage marche avant/marche arrière se fait directement sur la barre franche du hors-bord, m’évitant ainsi de devoir me pencher complétement en arrière pour actionner le levier d’embrayage situé habituellement sur le côté du moteur. A midi, l’affaire est bouclée ! Nous avons un nouveau moteur, mais le vent s’est levé et souffle maintenant du nord-est entre 15 et 25 kts à l’abri, sur le ponton de service. Nous décidons donc de patienter pour espérer partir en début de soirée vers le nord de l’archipel, via le chenal de Norrtäljeviken que nous n’avons pas encore emprunté.

2 juillet – Vaxholm // Fejan
Réveil matinal sur Amor Fati. La veille au soir le vent ne s’est pas calmé. Avec l’accord de Gustaf, le patron du chantier, nous avons donc passé la nuit sur le ponton de service et sommes partis avec le lever du soleil, à 4h30 du matin. Le vent n’est toujours pas dans le bon sens, mais au moins nous sommes seuls sur l’eau. Il fait grand beau et les enfants dorment. Une longue journée nous attend. Ce long chenal étroit est assez monotone, mais je suis ravi de pouvoir à nouveau naviguer. Avant le voyage j’avais longtemps imaginé pouvoir profiter de ces longues nuits ensoleillées pour naviguer tranquillement : c’est chose faite ! A partir de 6h du matin, la monotonie du parcours et des conditions est vite brisée par les premiers allers et venues d’immenses paquebots et ferries qui rallient la capitale suédoise par ce canal. Obligation est faite de leur faire place tant il est difficile de manœuvrer dans ces étroits passages. A 10h, alors que les enfants sont éveillés depuis quelques minutes et jouent tranquillement dans le bateau, nous faisons escale à une pompe à essence flottante à Furusund. Le port semble mignon, mais le passage incessant des paquebots dans cette étroiture nous dissuade vite d’y passer la journée.  A partir de ce point, l’archipel s’ouvre et les voies de navigation s’élargissent. Nous passons à la voile, au près sous 10 à 15kt de vent de nord-est pour rallier l’île et le petit port de Fejan. Nous y arrivons en début d’après-midi après un peu plus de 35 MN parcourus. Cette île est située sur la frange extérieure de l’archipel de Stockholm. L’une des dernières îles avant la traversée vers l’archipel des Åland. Par cette position stratégique et son isolement, au XIXème siècle, l’île est devenue une étape de quarantaine obligatoire pour tous les navires souhaitant entrer dans l’archipel de Stockholm. C’est ainsi que jusqu’à 200 bateaux y jetaient l’ancre pour une dizaine de jours d’escale forcée pour prévenir tout risque de propagation de maladies comme le choléra. De cette période, reste quelques maisons anciennes et un hôpital en brique. L’ensemble forme un décor assez déroutant mais très sympa, tourné vers le petit port qui abrite un restaurant réputé de cette partie de l’archipel. Puisque nous sommes amarrés à quelques mètres, nous décidons d’y diner et passons une très agréable soirée. Le patron finira assis à notre table pour discuter de nos aventures, et notamment de la perte de mon bout doigt qui semble beaucoup l’intriguer. 

Samedi 3 juillet – Fejan // Gräddö
L’étape du jour est courte. Nous décidons donc de prendre notre temps. Direction le sauna et son ponton pour une petite baignade matinale, puis retour à bord. Claire prend la barre et nous conduit en deux heures au petit port de Gräddö par un long bord vent arrière plein ouest. Nous finissons par trouver une jolie petite plage de sable que les enfants vont squatter l’après-midi. Fait notable du jour, puisque la cicatrisation de mon doigt avance bien, mon infirmière personnelle m’a enfin autorisé à me baigner quelques minutes. Je fais donc comme les enfants, et m’autorise enfin mes premières brassées de crawl « volontaires » du voyage !

Dimanche 4 juillet – Gräddö // Arholma
Nous quittons notre place en milieu de matinée et faisons route au nord-est. Une fois de plus, le vent ne nous est pas favorable… La dominante de vent en cette saison, selon les guides et les locaux, est plutôt orientée ouest ou sud (ce qui annonce alors un petit coup de vent la plupart du temps). Depuis 15 jours, il souffle est/nord-est… C’est donc au près et par des bords pas franchement très efficaces dans le Lidö-fjärden que nous arrivons finalement à gagner le chenal nord qui conduit à l’île d’Arholma. Le vent est calme et souffle enfin légèrement du travers. Les enfants sont motivés sur le pont et nous leur confions la barre et l’écoute. Charge à eux de nous conduire à bon port. Après une petite dizaine de miles, nous arrivons sur une petite jetée isolée au nord-est d’Arholma. Cette île magnifique est la plus septentrionale de l’archipel de Stockholm. L’archipel des Åland (territoire quasi autonome rattaché à la Finlande) est situé juste en face, à l’est, à 20 miles au large. Nous abordons la jetée en mouillage arrière par une belle approche en faisant attention à ne pas jeter notre ligne de mouillage sur celle des voisins. Si le coin est sauvage, dans un environnement géré par la Fondation de l’Archipel, il n’en est pas moins réputé. En soirée, deux énormes voiliers, un Bavaria 37 et un Sun Odyssey 39 viennent se mettre à couple de notre Maxus 24 qui paraît alors bien ridicule à côté de ces mastodontes. La discussion s’engage avec nos voisins qui n’ont visiblement encore jamais vu d’équipage comme le nôtre se lancer dans un voyage de plusieurs mois à bord d’un si petit bateau. Je ne sais pas si c’est mon doigt, notre douche familiale à l’eau de mer le soir sur le pont, ou notre repas à base de purée mousseline, mais nous nous sommes visiblement attirés leur sympathie, mêlée surement d’un peu de pitié 😉 Ils nous offrent en soirée du pain encore chaud, sorti tout juste d’une machine à pain installée à bord du Bavaria. Après mille remerciements nous finissons, en aparté, par nous demander comment une machine à pain peut fonctionner sans branchement au 220 volts, puis nous essayons de nous projeter sur la suite du voyage. 

Les enfants ont de plus en plus envi de profiter des étapes, de la baignade, et des jeux dans les cailloux et la forêt. Depuis longtemps nous avons fait une croix sur notre parcours prévu initialement. Celui-ci se basait sur des parcours glanés sur Internet, réalisés par des équipages sans enfants, et la plupart du temps sur des vrais bateaux de voyage. Nous avions sous-estimé ces paramètres et pas franchement imaginés les galères rencontrées depuis notre arrivée en Suède. Plutôt que de nous escrimer à vouloir à tout prix rallier l’archipel des Åland pour en faire le tour, nous décidons que l’île d’Arholma sera le point le plus au nord de notre voyage. D’autant plus que la météo des 15 prochains jours n’arrête pas de changer et que nous devons être rentrés en France vers le 20 août. En effet, nous voulons avoir le temps de ranger le bateau et reposer les enfants et les parents avant la rentrée de septembre. Nous devons également récupérer notre chien Jazz, qui passe ses vacances dans la pension Atout Chien à côté de La Rochelle. Nous en profitons ici pour les remercier, car Jazz semble vraiment s’y plaire avec ses potes à poils, et nous recevons régulièrement des photos qui amusent beaucoup les enfants. Leur chien ne leur manque pas autant que leurs mamies ou leurs copains, mais quand-même 😉

Lundi 5 juillet – Journée à terre à Arholma
Cette île nous plaît beaucoup. Nous décidons donc de profiter des lieux un jour de plus avant d’entamer notre redescente vers le sud, en passant par l’extérieur de l’archipel, sa frange est, que nous n’avons pas encore parcourus. Il nous reste encore beaucoup d’îles dites incontournables que nous souhaitons visiter. Je profite enfin des joies de pouvoir plonger dès le réveil dans la Baltique depuis l’arrière du bateau. Blanche n’est jamais très loin et me rejoint à chaque fois. A force de lire Copains des Mers avec son frère et de se baigner au milieu des petits poissons qu’elle observe avec ses lunettes de plongée, elle rêve maintenant de devenir plongeuse à bord de la frégate qu’a projeté de construire Paul. Nous passons ensuite l’après-midi à explorer la pointe nord de l’île et sa batterie d’artillerie, et observons au loin la côte ouest des Åland. Nous finissons la soirée sur une magnifique terrasse d’un petit restaurant qui domine la mer, avant de rejoindre le bord pour préparer la navigation de demain. Nous partirons vers 6h du matin pour l’île de Möja, située un peu plus de 25 miles au sud.

Merci encore pour vos différents messages et commentaires que nous découvrons avec plaisir même si nous ne prenons malheureusement pas le temps de vous répondre. Nouvelles excuses pour le retard dans la production du prochain épisode de Radio Boubou qui devra attendre que nous ayons accès à du 220 volts pour recharger l’ordinateur. D’ici là, salutations, et bonnes vacances scolaires à tous ! 

Archipelement,

Claire & Alex

Radio Boubou Episode #07

Radio Boubou

Bonjour à tous,

L’épisode 7 de Radio Boubou est en ligne !

Ok, on a un petit peu de retard, mais c’est aussi ça l’aventure 😉 Désolé les copains si vous avez attendu cet épisode si longtemps. On espère qu’il vous plaira !

Radio Boubou, saison 2 épisode 7, let’s go !

Saison 2 / Episode 7

Bisous tout le monde, on vous fait plein de coeur plein de bisous !

Paul & Blanche

Archipel de Stockholm – Du 19 au 24 juin

Le bateau

19 juin – Stockholm // Vaxholm
Notre escale à Stockholm prend fin. Nous quittons le ponton avant 9 heures pour éviter la cohue. Le plan d’eau est pour le moment calme. Les différentes lignes de bateaux bus ne fonctionnent pas encore à plein régime, et le trafic habituel des bateaux moteurs est encore balbutiant. Nous partons cap est / nord-est par le grand chenal qui, à cet endroit, canalise l’ensemble des voies d’accès à Stockholm. Le trafic se densifie donc et se côtoient tous les types d’embarcation, du jetski au paquebot. Nous sommes d’ailleurs rapidement rattrapés par une sorte de course ou un rallye d’une centaine de jetskis. On se croirait en plein film Waterworld avec une bande de furieux « Smokers » filant droit sur notre frêle et lent voilier. Claire me fait cependant remarquer que je n’ai pas vraiment le profil de Kevin Costner… Pour l’instant ça nous fait encore marrer… Nous sommes en route vers la station balnéaire de Vaxholm. Plus la matinée avance, plus le nombre de bateaux sur l’eau grandi. Ils sont de plus en plus gros, nous passent de plus en plus près, et nous ne sommes pas loin de croire qu’ils vont également de plus en plus vite ! Si la plupart sont plutôt sympas, certains passent suffisamment près pour que nous remarquions quelques gloussements sur des bateaux moteur qui s’amusent de voir notre petit bateau se faire brasser par les vagues qu’ils provoquent.

A l’approche de Vaxholm, dans le chenal d’accès au bassin de l’avant-port, c’est la foire d’empoigne. Le plan d’eau s’est transformé en un énorme bouillon de vagues désordonnées. On ne tient pas debout sur le pont et je dois sortir le moteur de l’eau à deux reprises pour qu’il ne soit pas submergé par l’arrière. Les bateaux de transport de passagers inter-îles ne s’embarrassent pas du trafic, les deux bacs de Vaxholm encore moins. Charge à tous les autres de ne pas se trouver sur leur route. Nous rallions finalement le port où nous trouvons un catway de disponible malgré le nombre de petits bateaux moteur, venus se restaurer ou avitailler. Bilan de la matinée, les grands chenaux de navigation de l’archipel de Stockholm, c’est comme le pont de l’Ile de Ré : les week-ends de départ en vacances, mieux vaut l’éviter. 

La station de Vaxholm est mignonne avec ses maisons de bois colorées et son château situé sur une petite île à portée de barque. La chaleur est maintenant bien installée sur la région, et nous décidons d’aller nous baigner en famille. Là encore, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée, et « la plage » de vingt mètres de large a une capacité d’accueil limitée. Nous trouvons une place à l’ombre un peu à l’écart, et profitons de la baignade dans une eau à 18°C. Les enfants s’éclatent, et j’arrive à me baigner un peu en gardant la main gauche hors de l’eau. Impossible de sortir Blanche de l’eau. Elle s’amuse de ma main gantée qui reste à la surface et qu’elle prend pour un aileron de requin.

En soirée, nous finissons par coincer Ti’Paul pour un élagage de la tignasse auquel il se refuse depuis plusieurs jours. Claire se transforme en coiffeuse. Elle est décidément trop forte cette Clairette !

20 juin – Vaxholm // Ingmarsö Bockviken
Ce matin encore, départ un peu avant 9 heures pour éviter le trafic. Le plan d’eau est enfin calme et nous profitons à nouveau de la navigation. Nous avons décidé de passer par les chemins de traverse pour faire route nord-est vers l’archipel des Äland en Finlande. Nous quittons donc rapidement le grand chenal nord pour essayer de gagner le centre de l’archipel.
Nous mettons en route le moteur pour passer plusieurs passages étroits et peu profonds, et notamment le chenal entre les îles de Storängen et Örsö où le vent souffle pleine face. A la sortie de ce passage, Claire et moi nous figeons sur un saut de puissance du moteur :

–       « T’as touché les gazs ?
–       Non, et toi ?
–       Non plus…
–       Merde… »

Nouveau raté. Je vérifie l’arrivée et le niveau d’essence et remets deux coups de pression sur la poire de la nourrice au cas où. Le moteur fonctionne maintenant bizarrement à moyen régime, et plus du tout au ralenti ou marche lente… Nous arrivons dans une zone plus large entre les îles de Edö et Svartsö, et passons à la voile. Nous nous livrons alors à un bel exercice de remontée au près dans 10 à 15 kt de vent, en slalomant entre « les tires-annexes ». C’est le surnom que je donne maintenant aux voiliers suédois qui ne se donnent jamais la peine de ranger leur annexe et la tirent ainsi inexorablement pendant des miles et des miles, 2 mètres derrière leur poupe, la plupart du temps au moteur. Soit c’est nous qui sommes trop bêtes de la gonfler/dégonfler tous les deux jours, soit c’est eux qui sont trop faignants 😉 Dans tous les cas nous nous régalons dans cet exercice de près, et, une belle trace GPS plus tard, nous arrivons à destination : un mouillage dans une petite baie fermée par une passe de 4 mètres de large sur 40 mètres de long. Le fond n’y cale pas à plus de 2 mètres. Le moteur ne fonctionne pas au ralenti, et nous nous engageons donc dans cette passe en alternant marche avant et marche arrière, pour maintenir une vitesse de quelques nœuds, le tout en essayant de respecter scrupuleusement les petits signaux d’alignement bricolés à terre. 

Nous finissons l’approche par l’avant, avec mouillage arrière sur notre erre. Le moteur a encore calé, et je n’ai pas assez de bras pour tenir la barre, freiner le bateau sur la ligne de mouillage arrière, et tenter de le redémarrer. L’expérience aidant, Claire pose le pied à terre tranquillement par la delphinière et amarre rapidement le bateau. 

Ce moteur nous gâche encore la vie, et pendant que les enfants profitent du cadre magnifique et de la baignade sur des grandes dalles de rocher, nous passons des coups de fil aux amis pour essayer de comprendre le problème. Le niveau d’huile a visiblement augmenté, et l’huile a une forte odeur d’essence ?! Je change de nourrice et vérifie le circuit d’arrivée d’essence comme je peux, puis nous tentons une nouvelle vidange d’huile. Une heure plus tard nous rallumons le moteur. Idem ! Après trente minutes passées en essayant de le tenir en route, l’huile sent à nouveau l’essence. Le moteur a de gros sauts de puissance à tous les régimes et cale systématiquement au ralenti dans d’inquiétantes vibrations erratiques. Je n’y comprends rien. Certains diront :  » l’aventure commence, là ou la compétence s’arrête ! », mais je ne suis pour le moment pas d’humeur aux dictons à la con !
En soirée, Claire et moi sommes dépités et décidons de noyer ces ennuis en musique, au soleil, et avec une bouteille de rosé. Le rhum et la Chartreuse attendront que les enfants soient couchés. 

21 juin – Ingmarsö Bockviken
Nous sommes donc coincés ici pour le moment, et devons trouver une solution d’accueil pour à nouveau faire réparer notre moteur. Les enfants sont encore petits et, même si Paul s’inquiète parfois de la situation, la baignade et leur capacité à très bien jouer ensemble nous permettent de nous concentrer sur la recherche de solutions. A 16 heures, malgré des dizaines de coups de fil, nous n’avons aucune piste sérieuse pour un réparateur capable de nous accueillir dans un périmètre d’une dizaine de miles. Nous sommes la semaine de Midsommar (grande fête populaire et familiale dans l’ensemble des pays nordiques pour fêter le jour le plus long de l’année), et personne n’est disponible.

Un peu comme une bouteille à la mer, nous rédigeons un mail pour expliquer notre situation et l’envoyons à différents chantiers de l’archipel un peu plus éloignés, ainsi qu’à un service de dépannage visiblement très populaire chez les plaisanciers suédois. Ce dernier est prêt à nous aider à trouver un chantier et à le rallier, à la seule condition que nous soyons assurés pour ce type de désagrément. Nous mettons donc notre service d’assistance en relation avec eux, les rassurons sur le fait que nous sommes bien amarrés, en sécurité, et avec des provisions d’eau et de nourriture pour quelques jours, et attendons la suite. Claire et moi nous détendons un petit peu et nous profitons enfin du site magnifique dans lequel nous sommes. Ce calme est bien agréable après les escales urbaines de ces derniers jours. Nous débutons notre « robinsonnade » familiale par un grand feu sur un bivouac aménagé par la fondation de l’archipel, gestionnaire de la réserve naturelle dans laquelle nous sommes. En début de soirée des saucisses grillent au bout de nos piques, et nous les dégustons bien tranquillement, perchés sur notre grosse carapace de tortue en granit qui surplombe le mouillage. Seul inconvénient du lieu, il est également fréquenté par d’énormes moustiques. Ceux-là ne piquent pas, non, ils t’arrachent des morceaux de viande. S’ils restent dans les sous-bois en journée, ils se ruent sur les berges chaque soir à partir de 19 heures.

C’est donc sous la grande moustiquaire de cockpit (une des bonnes idées que nous avons eu avant notre départ) que toute la famille se met à poil pour une bonne douche à l’eau de mer, avant de nous plonger en famille dans la lecture de « Pavillon Noir », une série de romans pour enfants dont nous venons d’attaquer la lecture.

22 juin – Ingmarsö Bockviken // Vaxholm
C’est aujourd’hui que nous aurions peut-être dû traverser vers la Finlande. Les conditions de vent semblent parfaites… Une fois cette pensée chassée, nous commençons la journée par, ce que nous appelons depuis nos années en collocation, un bon « petit déjeuner Ricoré ». Pour les connaisseurs, c’est à peu près comme dans la pub Ricoré des années 90 : un gros petit déj en famille ou entre amis, dehors et au soleil si possible, et toujours de bonne humeur ! Les enfants sont ensuite rapidement à l’eau et Claire lance une lessive à l’eau de la mer et du pain maison à la poêle (nous n’avons pas de four sur Amor Fati). En début d’après-midi, nous recevons un coup de fil d’un chantier puis celui du service de dépannage. Le revendeur Mercury de Vaxholm accepte de nous accueillir et d’essayer de réparer sous une semaine le moteur. Le moteur fonctionnant très mal, et étant donné les symptômes évoqués, on nous conseille de ne pas nous en servir et l’on nous propose de nous remorquer. Même si je ne suis pas du tout enchanté par l’idée de devoir être assisté, je me rends vite compte qu’un convoyage uniquement à la voile jusqu’à Vaxholm (route que nous avons empruntée il y a deux jours) semble compliqué étant donné les nombreux chenaux et passages étroits et le trafic. C’est donc bien assis sur mon inconfortable orgueil que nous sommes pris en remorque vers 18 heures par un très sympathique suédois et son bateau de dépannage. Nous parcourons les 18 miles et arrivons vers 21 heures sur la rive nord de Vaxholm, dans la zone industrielle où le ponton de service et le patron du chantier nous attendent. Ce convoyage retour nous conforte finalement dans le choix du remorquage car, sans moteur, nous aurions eu tout loisir de finir coincés au milieu d’un chenal ou contre un des très nombreux navires naviguant sur la zone. Un équipage, peut-être plus expérimenté ou moins éprouvé par les quelques galères que nous avons traversées, l’eût fait ; nous avons cette fois privilégier la prudence et suivi les conseils des locaux. 

23 & 24 juin – Vaxholm
Réveil matinal et pluvieux dans cette zone industrielle de la rive nord de Vaxholm, bien moins sexy que sa voisine du sud, où se situe le port d’invités dans lequel nous étions il y a quelques jours. Conforme à ses engagements, le patron du chantier, un dénommé Gustav, commence sa journée avec notre moteur. Après quelques vérifications d’usage et un nettoyage complet du circuit d’alimentation d’essence, nous lançons un nouveau test de fonctionnement. Le moteur semble tourner correctement, mais après presque 2 heures, il présente de nouveaux sauts de puissance et s’étouffe dans ses vibrations au ralenti. L’huile sent toujours l’essence et semble maintenant fuir de quelque part… Notre mécanicien est septique et après quelques instants de réflexion nous fait le topo suivant : 

– Le moteur semble avoir presque mille heures (même si nous lui faisons par de nos doutes quant au bon fonctionnement de l’horamètre), et il le trouve globalement un peu fatigué.
– Les causes du problème peuvent être nombreuses, et la recherche d’une solution pérenne pourrait prendre du temps et être coûteuse.
– Nous n’avons aucune garantie de sa part que nous n’aurons pas le même problème, ou un nouveau, d’ici quelques heures ou quelques jours.
– Sauf à attendre Noël, il n’est absolument pas sûre d’avoir un moteur neuf équivalent à nous vendre car il semblerait qu’il y ait une pénurie de moteurs au niveau international…  De son côté, il n’a aucun stock sur cette puissance de motorisation, peu répandue et bien ridicule pour un Suédois.   

Après quelques coups de fil de Gustav, et notamment à la plateforme européenne Mercury (la marque de notre moteur et la plus populaire en Suède) qui se trouve en Belgique, deux moteurs équivalents sont disponibles mais sans le kit de commandes à distances dont les seuls disponibles pour le moment sont aux États-Unis… Après conseils auprès d’un mécanicien Mercury basé à La Rochelle, nous acceptons la proposition et signons pour un nouveau moteur qui devrait être livré au chantier de Vaxholm sous une semaine. Pas question en revanche de squatter le ponton de service du chantier pendant ce temps-là. Puisqu’il n’y a qu’un mile à parcourir, sans grosses difficultés, nous décidons donc en fin d’après-midi de rallier l’autre côté de l’île et la marina de Vaxholm. Le moteur toussote mais fonctionne à régime moyen en jouant des commandes régulièrement. Nous rejoignons la marina et découvrons un nouveau système d’amarrage sur le ponton central. Il n’y a pas de catway. L’approche se fait par l’avant ou par l’arrière, perpendiculairement au quai. Une fois le pied à terre, il faut se saisir d’un bout accroché au quai et qui plonge dans l’eau.  En remontant le bout le long du bateau, on finit par le tendre puisque son autre extrémité est fixée à un poids sous l’eau. Les bateaux sont ainsi plus ou moins à couple, perpendiculairement au ponton. Nous sommes très sympathiquement accueillis par les jeunes saisonniers qui travaillent au port d’invités l’été. Notre périple les amuse et puisque nous sommes ici dans l’attente du nouveau moteur, nous bénéficions d’un tarif spécial « galerians pandemic travellers » 😉

C’est donc à Vaxholm que nous passerons la fête de Midsommar -dont les célébrations publiques ont été annulées avec le COVID- et que nous allons assister ce soir à la finale de TOP 14 entre le Stade Rochelais et le Stade Toulousain ! Le pavillon du Stade Rochelais est hissé depuis ce matin dans les haubans car : « ICI, AUSSI, C’EST LA ROCHELLE !!! ».

Claire & Alex

Pour découvrir toute la galerie photos, c’est ici !

PS : Toutes nos excuses aux fans de Radio Boubou pour la non diffusion de l’épisode 7 cette semaine. Ces nouvelles galères de moteur, et l’absence de 220 volts pendant quelques jours nous ont empêché de le produire… Promis, nous sortirons cet épisode dimanche ou lundi !

Paul & Blanche

Stockholm – Du 11 au 18 juin

Le bateau

Amis lecteurs monophasés sur les histoires de mer, ou allergiques aux musées, passez votre chemin… Les nouvelles de cette semaine écoulée à Stockholm ne pourront que vous décevoir. Pour les autres, j’espère qu’elles vous donneront envie de venir trainer vos baskets dans cette capitale suédoise qui mérite le coup d’oeil. Et puisque ce n’est pas tous les jours qu’on peut s’offrir un appartement en plein centre ville (sur l’île de Djurgården en l’occurence) nous avons décidé d’en profiter, et de laisser Amor Fati en mode « maison flottante » pour cette pause urbaine de 8 jours.

Vendredi 11 juin
La météo est belle pour ce premier jour à Stockholm. Ce ne sera pas le cas du week-end qui s’annonce pluvieux. Nous décidons donc de commencer notre programme des visites par le parc de Skansen, « le plus vieux musée du monde » (dixit Le Routard), situé sur l’île où nous sommes amarrés. Ce parc ethnologique et zoologique retrace la culture, le patrimoine architectural et naturel de Suède. On y découvre toute la faune mythique des pays nordiques, et notamment des rennes et des élans, pour le bonheur des petits et des grands ! Ce vendredi 11 juin marque également le début des vacances d’été pour les suédois. La saison touristique commence officiellement !